Application de la ZFE en juillet prochain : le risque d’une fracture territoriale et sociale
Alors que Grenoble-Alpes Métropole lance une concertation sur les modalités d’entrée en vigueur de la ZFE pour les véhicules individuels Critair’5 qui seraient interdits de circulation dans 13 communes de l’agglomération à partir de juillet 2023, la Majorité départementale a choisi de donner un avis soumis au vote de l’Assemblée départementale vendredi 18 novembre 2022 en séance publique.
Découvrez l'avis communiqué en séance
La Majorité départementale souligne en effet que l’objectif de la ZFE pour lutter contre la pollution de l’air émise par le trafic routier (particules fines et CO2), comme l’établit la loi, n’est pas contestable. Cependant, elle estime que les conditions ne sont pas réunies d’ici à juillet 2023 pour établir cette zone, non seulement parce que les solutions alternatives à la voiture qui permettraient aux usagers de laisser leur voiture ne sont pas suffisamment développées mais aussi parce que la situation économique nationale impacte déjà trop fortement les ménages.
C’est particulièrement le cas déjà pour les ménages les plus fragiles. Dans le cadre de la ZFE, ce sont également les véhicules critair’4 qui seront interdits en 2024, puis les critair’3 dès 2025.
Dès lors, il est indispensable de veiller à ce que la ZFE ne se transforme pas en zone à forte exclusion et ne contribue pas à la création d’une fracture sociale et territoriale au sein du département, tout en sanctionnant le droit à la mobilité de tous les Isérois.
C’est pourquoi la Majorité départementale demande le report général de l’application de la ZFE de 3 ans. Pourquoi 3 ans ? Parce que ce délai permettrait de mieux définir les dispositifs d’accompagnement pour les habitants et de mettre en place des solutions de mobilité alternatives réalistes à la voiture :
- une offre adaptée de transports en communs, avec une grille tarifaire attractive, qui répondent aux besoins des usagers ;
- l’augmentation de la capacité des parcs relais existants ;
- l’installation de nouvelles bornes de recharge pour véhicules et vélos électriques ;
- le développement du réseau cyclable ;
- le renforcement du covoiturage et de l’autopartage…
« Retirer le droit aux véhicules Critair’5 de circuler dans 13 communes de l’agglomération grenobloise alors que ce parc automobile représenterait, selon la Métropole, 2 % des véhicules, soit 5000 voitures environ, c’est sanctionner les plus fragiles sans nécessairement que la qualité de l’air dans la métropole s’en ressente. C’est pourquoi nous proposons un report général de 3 ans, pour mettre en place les moyens alternatifs à la voiture, par le renforcement du réseau de transports urbains, la création de parcs-relais, le renforcement du covoiturage… Et sur tous ces projets, le Département s’engage à répondre présent pour apporter des financements, dans le cadre de ses compétences, comme il le fait déjà », souligne le président Jean-Pierre Barbier.
« La qualité de l’air dans l’agglomération grenobloise, selon les chiffres de l’agence Atmo, s’est nettement améliorée depuis 10 ans, bien avant la ZFE, car le parc automobile, naturellement, s’améliore, avec des normes toujours plus contraignantes pour réduire les émissions de particules atmosphériques. Reporter les contraintes de la ZFE, c’est donc faire le pari d’améliorer encore la qualité de cet air grâce à la mise en place d’alternatives à la voiture, tout en évitant de créer une fracture territoriale et sociale en Isère », souligne le vice-président à la transition écologique Vincent Chriqui.